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Films en Série
5 février 2014

SEVEN

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Synopsis: L'inspecteur Somerset (Morgan Freeman), un vieux flic blasé, est à une semaine de la retraite. le voilà obligé de faire équipe avec son remplaçant, le jeune et impétueux David Mills (Brad Pitt). Leur collaboration commence par un crime monstrueux: dans un sous-sol sordide, un homme obèse, ligoté à sa chaise, gît le nez dans son assiette; son estomac a éclaté... Ce meurtre n'est que le premier d'une série: aucun mobile apparent, aucun témoin, aucun rapport entre les victimes... Sauf une mise en scène horrible qui s'inspire des sept péchés capitaux. La course contre la mort commence...

Accroche: Sept péchés capitaux. Sept façons de mourir.

Analyse: Ce film est pour moi, une approche de la perfection narrative. En effet, outre le fait que l'histoire soit haletante, que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde, les personnages offrent tous un point de vue différent sur les évènements qu'ils affrontent. En apportant donc une concentration particulière sur la psychologie des personnages, on se rend vite compte de l'image de la société qu'ont voulu nous donner, réalisateur et scénariste.

Le ton est vite donné. Un décor ultra urbain, sombre et pluvieux. On comprend vite qu'on ne rira pas. C'est un monde sale, dans lequel se débattent nos trois héros. Le tueur, qui ne supporte plus de voir ce monde se laisser aller, les valeurs se perdre, et que sa folie pousse à rectifier au nom de Dieu. L'inspecteur Somerset, que la violence gratuite du monde moderne rebute et pousse à abandonner ses talents d'enqueteur. Et le jeune inspecteur Mills, qui se persuade que le Mal n'est que l'oeuvre de certains esprits détraqués, et que son métier est fait pour les arrêter.

Ce dernier a tout pour réussir. Jeune, beau, marié. Il ne peut pas concevoir que le mal puisse être si profond. Son arrogance vient de là. Très détaché des meurtres sur lesquels il enquête, il va petit à petit y laisser des plumes. Il ira de crises de nerfs, quand son collègue le pousse à se mettre "dans la tête" du tueur, à une confrontation violente avec ce dernier au sortir de laquelle il se retrouvera avec le visage et le crane en sang, une main brisée, et le revolver du tueur braqué sur sa tempe. C'est le tueur lui même qui décidera silencieusement de lui laisser la vie sauve. La suite nous dira pourquoi. Leur dernière confrontation donnera lieu à la scène finale du film, ou la réalité du plan de l'assassin prend toute son ampleur, et dans laquelle Mills se retrouve face aux ruines de son monde si bien construit.

Somerset énonce les 7 péchés capitaux

L'inspecteur Somerset, lui, vit seul. Il a fait sacrifice d'une vie de famille, qu'il ne concevait pas de pouvoir élever dans un monde comme celui la. Son métier l'a usé, complètement. On apprendra au cours d'une conversation avec la femme de l'inspecteur Mills, que face à la grossesse de son ex femme, il a tout fait pour la convaincre de ne pas garder l'enfant. Qu'il ne trouvait pas de solution pour faire grandir un enfant dans ce monde. La femme de Mills est enceinte aussi, et lui dit qu'elle est malheureuse dans ce monde, mais qu'elle ne peut se résoudre à en informer son mari. C'est pour cela que Somerset lui fait cette révélation sur sa vie passée. Comme il le dit, il est persuadé d'avoir pris la bonne décision, et pourtant, il ne se passe pas un seul jour sans qu'il le regrette. Il est navré de constater que la noirceur du monde peut pousser les gens comme lui à ce genre de réflexion. Il est conscient de l'état déplorable du monde, et ne trouve plus l'énergie pour lutter, pour changer les choses, pour espérer. Il a un regard global sur les actes de l'assassin. Il sait qu'il a un but. Et son dernier combat ne sera que de mettre en garde Mills contre son impulsivité...

Je garde en mémoire une discussion entre les deux inspecteurs, que je retranscris ici:

"Somerset : J'crois que tout cela va très mal finir. C'est inévitable.
Mills : Si jamais on lui met la main dessus j'm'estimerais heureux.
Somerset : Si on coince John Doe, qu'il se révèle être vraiment le diable. Je veux dire, si c'est Satan en personne hé bien on pourra dire qu'il aura répondu à nos espérances. Mais... ce n'est pas le diable. Ce n'est qu'un être humain.
Mills : J'vais vous dire... Vous arrêtez pas de râler, vous vous plaignez, vous me racontez toute ces conneries c'est... Si vous croyez que ça va m'aider à affronter les coups durs... C'est gentil mais...
Somerset : Et vous vous voulez être un héros. Vous voulez être un champion. Mais les gens ne veulent pas de champion. Ils veulent manger des cheeseburger, jouer au loto et regarder la télé.
Mills : Comment vous en êtes arrivé là ? J'aimerais bien que vous m'expliquiez.
Somerset : Ah... Il y a plusieurs raisons à cela.
Mills : J'vous écoute.
Somerset : J'crois pas que j'pourrais continuer à vivre dans une société qui engendre et qui cultive l'apathie comme si c'était une vertu.
Mills : Vous êtes pas différent, vous êtes pas meilleur.
Somerset : J'ai jamais dit que j'étais différent ni même meilleur. En fait, je les comprend. Je les comprends totalement. L'apathie est une solution. Vous savez, c'est plus facile de tomber dans la drogue que d'affronter la vie. C'est plus facile de piquer ce que vous avez envie que d'essayer de le gagner. C'est plus facile de battre un enfant que de l'élever et, l'amour par contre ça demande des efforts, du courage.
Mills : On parle de psychopathes, de malades. On a affaire à des gens qui ont pété les plombs, qui sont complètement jetés.
Somerset : Non non non, pas du tout. Je suis en train de vous parler de la vie. Enfin quoi ? Vous n'êtes quand même pas si naïf ?
Mills : Putain. C'est dingue. Vous vous entendez quand vous parlez ? Vous dites que le problème c'est que les gens n'ont rien à foutre... et que moi j'en ai rien à foutre des gens. Ça a aucun sens vous savez pourquoi ?
Somerset : Et vous vous sentez concerné ?
Mills : Vous voulez savoir pourquoi ? Vous voulez savoir ?
Somerset : Et vous croyez que vous allez tout changer.
Mills : Non le problème c'est... C'est... Je crois pas que vous lâchez le boulot pour les raisons que vous venez de me dire là, j'crois pas. J'crois au contraire que vous voulez y croire, parce que vous vous tirez. Vous voudriez que j'sois d'accord avec vous et que j'dise "ouais ouais ouais ouais t'as raison c'est foutu c'est la merde putain tout est pourri on devrait se casser loin d'ici et aller vivre dans les bois"... Mais non. J'vais pas dire ça. Je suis pas d'accord avec vous. C'est hors de question... J'peux pas."

Ce dialogue est pour moi l'essence même du film. Nous avons le personnage conscient du monde qui l'entourre, blasé, et qui n'a plus la force de dépenser son énergie à sauver le monde malgré lui. Et en face, le personnage encore convaincu que son monde à lui est extérieur à tout ça. Qu'il ne fait partie que du boulot. On voit d'ailleurs à un moment dans le film, l'inspecteur Mills aller chercher du réconfort auprès de sa femme après un coup dur, sans jamais se rendre compte qu'elle même souffre de la vie qu'elle mène.

Doe envoie un message

Pour finir, nous avons le personnage de l'assassin. John Doe. Aux States, John Doe est le nom que l'on donne aux personnes dont on ne conait pas la véritable identité. Monsieur tout le monde, au physique banal, John Doe ne laisse aucune trace de son passage dans la société. Il va jusqu'à se se couper l'extrémité des doigts au rasoir, pour ne laisser aucune empreinte digitale. Extrêmement cultivé et intelligent, ce monde le rend malade. Il voit à chaque coin de rue, un péché mortel. Il retournera donc chaque péché contre con pécheur. Il n'a que faire de qui il est. Seule son "oeuvre" est importante. Pour lui, ses meurtres vont donner l'exemple. Il est le bras armé de Dieu, qui va montrer la voie pour que la morale se rétablisse.

Nous découvrirons au cours du film cinq meurtres. La gourmandise: un obèse ligoté, que John Doe a forcé à manger jusqu'à faire éclater son estomac. L'avarice: un avocat véreux, à qui il fera "donner de sa personne", en l'obligeant à se sectionner lui même une livre de chair, et qu'il laissera se vider de son sang. La paresse: un dealer/pédophile, qui n'a rien fait de constructif de sa vie, attaché à son lit pendant toute une année, maintenu en vie par les médicaments que lui administrait John Doe pour ne pas que ses escarres s'infectent. L'orgueuil: Un mannequin a qui il mutilera le visage, lui arrachant le nez, et à qui il proposera d'appeler les secours et de vivre à jamais défigurée, ou de mettre elle même fin à ses jours en se suicidant. La luxure: une prostituée dont il obligera un des clients à la pénétrer avec un gode ceinture, dont le membre n'est autres qu'une lame de couteau, sous la menace de son arme.

Mills en danger

John Doe est méthodique. Les indices qu'il laisse sur chaque scène de crime ne mènent jamais à lui, mais bien aux autres victimes, c'est pourquoi nous serons tous étonnés au premier visionnage de le voir se rendre aux autorités, ensanglanté, à la suite du cinquième meurtre. Il fait un marché avec la police: Il mènera les inspecteurs Mills et Somerset à l'endroit où se trouvent les deux corps manquants (envie, et colère), et eux seuls, ou alors, il plaidera la folie, et les corps ne seront jamais retrouvés.

Les inspecteurs Mills et Somerset se retrouvent donc en voiture, avec John Doe attaché à l'arrière, dans un voyage qui les mènera dans un endroit désert. Lors du traget, Mills interroge Doe sur sa folie. Il veut savoir si il se rend compte à quel point "il est givré". Doe lui répondra qu'il est plus rassurant pour lui de le classer parmis les fous, mais qu'il n'a pas encore de vision globale de l'acte...

Un criminel difficile à saisir

Au milieu du désert arrive alors un camion de livraison. L'inspecteur Somerset ira intercepter le camion et apprendra qu'il y a un colis au nom de l'inspecteur Mills. Profitant de l'éloignement de Somerset, Doe se confie à Mills, lui révélant qu'il est passé chez lui avant de se rendre, qu'il voulait jouer au mari. Car il envie sa petite vie tranquille. C'est son péché. Mais comme sa femme a pris peur, il a du la tuer, et prendre un souvenir. Sa tête. C'est ce que constate Somerset en ouvrant le paquet, et en comprenant le plan de Doe. Doe a les cartes en main.

Somerset rejoint les deux autres en courant pour empêcher Mills de tuer Doe. Et pendant que Mills voit son monde s'effondrer sous ses yeux, Doe ne cesse de lui répéter qu'il faut qu'il se laisse aller à la colère, que c'est son péché à lui. Somerset tentera de raisonner Mills en lui expliquant que si il le tue, c'est Doe qui gagne. Dans une performance d'acteur incroyable, le personnage de Mills passera de la détresse absolue face à sa vie détruite, à la colère la plus froide face au responsable de sa perte, à plusieurs reprises. La colère du jeune inspecteur prendra le dessus. Et au moment où Doe comprend qu'il va mourir, ses yeux se ferment et un sourire d'apaisement se dessine sur ses lèvres. Il a gagné... (Pour ceux qui veulent se repasser la scène... http://www.youtube.com/watch?v=1giVzxyoclE )

Le monde s'écroule pour Mills

Cette dernière scène fait résonner tout le film. Et en particulier le dialogue cité ci dessus. Le mal n'est pas le monopole de Satan. Il est en chacun de nous. Des personnes ordinaires. En le niant, Mills a tout perdu, sa vie est détruite, à cause d'une seule personne, banale, anonyme, John Doe, lui même uniquement poussé par un simple péché, l'envie. Somerset, en ayant décidé de garder une vision globale des évènements, du mal qui l'entourait perpétuellement, a sacrifier une vie familiale heureuse, mais du coup n'a rien à perdre. Il n'aura servi que de médiateur entre les plans de Doe, et la combativité de Mills.

Le film se termine sur une phrase de Somerset: "Ernest Hemingway a écrit: "Le monde est un bel endroit, qui vaut la peine qu'on se batte pour lui." ...Je suis d'accord avec la seconde partie"

La morale du film, telle que je la perçois, est la suivante. Le Mal est partout, en chacun de nous. Et il faut faire de sa vie un combat contre celui qui nous habite. Que l'on soit paresseux, gourmand, avare,... Il faut se débarrasser de nos vices, avant que cela nous tue. Alors le monde, qui n'est que l'addition de toutes nos individualités, sera enfin plus beau. Mais il ne faut pas oublier que certains ne pourront jamais s'en débarrasser, et laisseront ces derniers les détruire, et parfois même détruire ceux qui les entourrent.

J'ai finalement peu parlé des meurtres que pourtant, le synopsis, met en avant. C'est parce que même si ils sont le fil rouge de l'histoire, il ne sont qu'un moyen pour arriver à comprendre le monde tel que le perçoivent les trois personnages principaux. C'est cette analyse que j'ai tenté ici de rendre lisible.

J'ai découvert ce film enfant, quasiment dès sa sortie vidéo, et je l'ai revu de nombreuses fois depuis. Ce film, je l'ai vu sous tous les angles. Au départ, j'étais fasciné par la folie de Doe. Plus je vieillis, plus je comprends les messages que les autres personnages, Mills et Somerset, ont à dire. Un film à plusieurs lectures, qui ne cesse encore aujourd'hui de me pousser à me demander si je suis sur le droit chemin...

 

Podcast: http://youtu.be/YnrIKeSW2CI

Wikipédia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Seven_(film)

Allociné: http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=13892.html

Répliques: http://www.replikultes.net/films/fiches/303/seven/repliks/

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